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Bruxelles |
C’est
en 1229 que l’on trouve l’une des plus anciennes lois judiciaires
écrites de Bruxelles. Cette loi que l’on appelle Keure, Ceure ou
Core fut donné aux bourgeois par le duc de Brabant, Henri Ier.
Né
vers 1165, Henri 1er, fils de Godefroid III, va régner près de
soixante ans. Duc de Basse-Lotharingie, il ajoutera à ce titre
celui de duc de Brabant. Ses successeurs conserveront cette
désignation.
En
1179, Godefroid III et le comte de Flandre, Philippe d’Alsace
négocient le mariage d’Henri. Il épousera la nièce de Philippe,
Mathilde, fille du comte de Boulogne.
Les
jeunes mariés recevront en cadeau de mariage, Bruxelles, Vilvoorde,
Uccle, Ruysbroeck, et tout ce qui se trouve entre la Senne et la
Flandre.
Bruxelles
sera leur résidence, ils s’installeront dans le nouveau château
construit sur le Coudenberg, l’ancien château de l’île
Saint-Géry ayant été abandonné.
Désormais,
avec eux, le Brabant va acquérir une importance nouvelle.
Aimé
par le peuple, soutenu par les bourgeois, protecteur des lettres,
Henri possède un esprit ouvert aux grandes idées. Durant son règne,
il concédera de nombreux privilèges et veillera toujours aux
intérêts commerciaux de ses sujets. Louvain et Bruxelles lui
devront leur prospérité. C’est à lui encore que vers 1200,
l’hôpital Saint-Jean paraît devoir son existence.
Revêtu
de la croix, Henri 1er s’était déjà rendu en Palestine en 1189,
il y repartit en 1197. En Terre Sainte, il allait combattre, selon
son expression, les Sarrasins visibles et invisibles. Placé à la
tête des Croisés, il remporta, le 23 octobre de cette année-là,
une brillante victoire sur le frère du fameux Saladin, l’émir
Saphadin. Cependant, au même moment, arrivèrent de ses états, des
nouvelles inquiétantes. Elles l’empêchèrent de continuer cette
croisade.
Revenu
au pays, il mena une politique d’agrandissement et d’enrichissement
de ses terres. Pendant toutes les années de son gouvernement, il
signera de nombreuses chartes. Celles-ci le placeront au premier rang
des fondateurs des libertés. Parmi elles, il en est une, datée de
1229, qui est la première loi judiciaire écrite du pays.
Avant
ce nouveau code pénal, la loi des Francs Saliens s’appliquait aux
habitants. Ce souvenir de l’ancienne législation germanique,
permettait aux coupables de se racheter des plus grands crimes par
des indemnisations financières estimées selon l’importance de la
victime et la nature du délit. Malheur aux « sans-le-sou ».
Les coutumes adoptées un peu plus tard par la bourgeoisie voulaient
au contraire que les individus convaincus de meurtre, de viol,
d’incendie, de rapt, d’infraction à la paix, fussent punis de
mort et de confiscation, à moins qu’ils n’eussent femme ou
enfant.
Le
tout nouveau recueil judiciaire, désiré par le duc, changeait tout
cela. Enfin, un code écrit d’après lequel les juges décidaient
de la condamnation. Pour le justiciable de l’époque, cela
représentait une véritable révolution. Les peines se trouvaient
adaptées suivant le délit et non plus suivant le coupable. Une
justice plus égalitaire, en somme.
Quelques
peines tirées de cette Keure, par leurs côtés inaccoutumées,
m’ont semblé intéressantes à signaler au lecteur.
Art
6 : une femme qui frappait un homme était condamnée à une
amende de 2 schillings, ou portait certaines pierres marquées d’une
paroisse dans une autre.
Ces
pierres de justice ou pénales, Damme en a conservé deux que l’on
peut voir à côté de son hôtel de ville. Ces pierres-là pèsent
8 kilos mais certaines pouvaient voir ce poids tripler.
L’article
7 de cette Keure donne de nombreuses garanties aux bourgeois pour la
sûreté de leur personne et de leurs biens.
Ainsi,
tout habitant qui était attaqué dans sa propre maison pouvait
impunément tuer l’agresseur.
Mais
l’article 14 dit :
Tout
recours à la force brutale pour obtenir justice était punissable ;
le Blessé (entendez la victime) devait se plaindre au juge (amman ou
autre) ; l’accusé avait 3 jours pour se justifier et le même
délai était donné au juge pour instruire la cause.
Le
viol et l’infraction de trêve étaient punis de supplices affreux,
dans le premier cas, la tête du coupable était séparée du tronc
par une scie de bois (art 15), dans le second cas : il était
écartelé (vierendeels) (art 16)
Est-ce
l’origine du nom de famille : Vierendeels ?
Cette
loi inédite et progressiste – pour l’époque - sera toujours
considérée comme la base de la législation bruxelloise.
Bien
après, dans son testament politique, en 1261, un successeur, le duc
de Brabant, Henri III, déclara que dorénavant tous les hommes de la
terre de Brabant seraient traités par loi et par sentence. Ceci
complétait l’œuvre commencée par son aïeul, Henri 1er.
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Sceau d'Henri 1er |
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