Ami lecteur, amie lectrice, qui que tu sois, sois le/la bienvenu(e).
Bruxelles, cité européenne, véritable pot-pourri de civilisations a bien des histoires, petites ou grandes, à raconter au curieux.
Jacques De Cerisy plonge dans le passé chaotique de cette ville, retrouve les visages disparus de ceux qui ont fait son Histoire et rapporte leurs gestes effacés par le temps.
Sous des dehors parfois tristes, la cité cache de l’exotisme et de l’extraordinaire. Presque partout surgissent les souvenirs, souvent indirects, la ville a tellement changé. Mais qu’à cela ne tienne, la mémoire est là. Les lieux ont disparu mais les endroits demeurent, cela suffit pour raconter cet autrefois…
« …c’était au temps où Bruxelles… »
dimanche 10 juin 2012
Un duc de Brabant poète
Fils d’Henri III et d’Aleyde de Bourgogne, Jean Ier va régner sur le Brabant de 1261 à 1294. Alliances obligent, il épousera en première noce Marguerite de France, fille de Saint Louis. Marguerite mourut trop tôt. Il épousera alors la fille de Louis de Dampierre, comte de Flandre.
Toujours soucieux des intérêts de ses sujets, Jean Ier avait décidé de régler à l’avantage des Brabançons la question de la possession de la route commerciale du Rhin vers l’Angleterre. Cela ne plut pas et conduisit à la guerre. Le succès des armes brabançonnes le 5 juin 1288 à Woeringen mit fin à la querelle.
Après cette terrible bataille, Jean fut surnommé « Le Victorieux ». Dans cette sanglante journée, les Bruxellois firent honneur à leur bannière. Ils se jetèrent parmi les premiers sur l’ennemi et déployèrent à cette occasion un rare courage. Ce triomphe fut célébré à Bruxelles avec enthousiasme. Certains racontent qu’en souvenir de cette victoire, l’église Notre Dame des Victoires du Sablon aurait vu le jour. Ce n’est qu’une légende.
Jean Ier récompensa largement ses sujets de leurs efforts. Ils avaient donné leur sang et un vingtième de leurs biens pour seconder leur duc dans cette entreprise.
Le vainqueur de Woeringen ne survécut pas longtemps à sa victoire ; Il mourut victime de son amour effréné des tournois, âgé seulement d’une quarantaine d’années.
Son règne marqua l’apogée de la puissance brabançonne.
Il fut inhumé dans l’église des Récollets de Bruxelles. Au XVIe siècle, son monument fut renversé pendant les troubles ; rétabli plus tard, il fut détruit une seconde fois lors du bombardement de 1695.
Aucun souvenir ne rappelle plus à Bruxelles la mémoire de ce prince hardi, généreux, ami des dames, des lettres et des tournois.
S’il ne reste plus rien de lui, il nous reste cependant ses poèmes. Car ce grand prince pratiquait la muse avec un certain talent.
Un jour de mai
Je m’étais levé grand matin
Et, dans un verger pour me divertir allai
Là, trois jeunes demoiselles trouvai
Ah ! Quelles étaient Belles !
Elles chantaient, tour à tour :
harba, lorifa, harba lorifa
A l’aspect de la belle verdure que m’offrait le verger,
Et de la douce voix de ces aimables fillettes charmé,
Mon cœur bondit de joie, j’étais forcé de répéter
En chantant : harba, lorifa, harba lorifa
J’accostai la plus belle ; puis,
passant mes bras autour de sa taille,
Je voulus lui donner sur la bouche un baiser
Elle dit : cessez ! Cessez ! Cessez !
Harba, lorifa, harba lorifa
Un jour de mai
Je m’étais levé grand matin
Et, dans un verger pour me divertir allai
Là, trois jeunes demoiselles trouvai
Ah ! quelles étaient Belles !
Elles chantaient, tour à tour :
harba, lorifa, harba lorifa
A l’aspect de la belle verdure que m’offrait le verger,
Et de la douce voix de ces aimables fillettes charmé,
Mon cœur bondit de joie, j’étais forcé de répéter
En chantant : harba, lorifa, harba lorifa
J’accostai la plus belle ; puis,
passant mes bras autour de sa taille,
Je voulus lui donner sur la bouche un baiser
Elle dit : cessez ! Cessez ! Cessez !
Harba, lorifa, harba lorifa
Un jour de mai, Jean Ier, duc de Brabant.
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