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Bruxelles, cité européenne, véritable pot-pourri de civilisations a bien des histoires, petites ou grandes, à raconter au curieux.

Jacques De Cerisy plonge dans le passé chaotique de cette ville, retrouve les visages disparus de ceux qui ont fait son Histoire et rapporte leurs gestes effacés par le temps.

Sous des dehors parfois tristes, la cité cache de l’exotisme et de l’extraordinaire. Presque partout surgissent les souvenirs, souvent indirects, la ville a tellement changé. Mais qu’à cela ne tienne, la mémoire est là. Les lieux ont disparu mais les endroits demeurent, cela suffit pour raconter cet autrefois…

« …c’était au temps où Bruxelles… »



mercredi 22 juin 2011

Eglise de la Chapelle - Rubens , le Christ remettant les clefs à Saint-Pierre



Depuis le XIIe siècle, la mémoire de l’église de la Chapelle accompagne l’Histoire de Bruxelles.  D’illustres personnages ont vécu dans cette paroisse.  Juste Lipse, André Vésale, Pierre Bruegel l’Ancien, beaucoup de gens simples aussi.  Malgré toutes les évolutions, ce monument est resté pratiquement inchangé.  Peu visité, l’endroit est pourtant l’un des témoins remarquables du passé de la ville.   Il mérite plus qu’un détour.

Les peintures occupent une place importante dans le patrimoine et la décoration de l’église de la Chapelle.  Il est regrettable de devoir constater que des œuvres considérables ont quitté cette église.  Notamment, trois tableaux de Rubens vendus au XVIIIe siècle. 

Seul souvenir que cette église conserve des trois œuvres du célèbre peintre anversois, «  le Christ remettant les clefs à Saint-Pierre » est une copie faite au XVIIIe siècle.  Ce tableau, exécuté vers 1615,  appartenait au mémorial consacré à Pierre Breughel l’Ancien.  De vives protestations de la part des héritiers de ce peintre accompagnèrent la vente, en 1765,  de la composition originale.  Le tableau fut d’abord transportée à Amsterdam avant de se retrouver en Allemagne.


Le Christ remettant les clefs à Saint-Pierre


Tirée des évangiles de Jean et de Mathieu, cette peinture raconte le moment où Jésus confie à Pierre, la direction de son Eglise  « Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux ». 
Six personnages, le Christ, l’apôtre et quatre figures occupent la surface du tableau.  Ils donnent à la composition un caractère sobre, intime et intense.  Placés à l’arrière plan, les quatre personnages contribuent à donner de la profondeur à la toile.

Une version inversée et quelque peu différente de cette œuvre, est reproduite sur une image faite par un contemporain, De Jode 1er,  doyen de la gilde Saint-Luc d’Anvers.  Celle-ci figure parmi les collections de la maison Rubens. 
De Jode dédie cette gravure à Jean Breughel : «  Qui a veillé à ce que ce tableau, œuvre peinte par P.P. Rubens l’admirable, soit érigé à la gloire éternelle de son père Pierre Bruegel, le peintre très célèbre »


DE JODE 1er - gravure

Ami intime de Rubens, Jean Breughel avait obtenu de celui-ci, qu’il réalise une peinture en souvenir de son père.  Ce que fit volontiers l’Anversois.
Cette œuvre devait orner le mémorial de Bruegel en l’église de Notre Dame de la Chapelle à Bruxelles.  Endroit où le peintre « des paysans » et son épouse reposaient.  Rubens peignit Bruegel  sous les traits de l’apôtre Pierre recevant les clefs du ciel.   

Un drap rouge passé sur l’épaule, visage auréolé de lumière, le Christ ressuscité, présente une blessure cicatrisée au flanc droit.  Il désigne le ciel de la main gauche et remet de la main droite deux clefs, l’une d’or, l’autre d’argent à Saint-Pierre.
Saint-Pierre, vêtu d’une tunique jaune, s’incline en regardant le Christ.  la main gauche, placée au-dessous des clefs, pour éviter qu’elles ne tombent, il avance, incertain, la main droite pour en prendre possession. 

Toute l’action  se concentre dans le jeu des mains autour des clefs et du visage de Saint-Pierre.  La main gauche du Christ désignant le ciel se situe dans le prolongement vertical de la main droite tenant les clefs.
Horizontale, venant de gauche, la lumière éclaire les visages, glisse sur la partie dénudée du corps du Christ, accroche son bras et la main tenant les clefs.  

            Le jeune homme, habillé d’un vêtement rouge, représente probablement Saint-Jean.  L’homme portant une barbe noir, peint à ses côtés  évoque peut-être Saint-Mathieu.  Les deux apôtres ont le visage éclairé.  
Les deux autres visages placés dans l’ombre, sont généralement considérés comme des apôtres.  Mais l’un semble se désintéresser de l’action.  De Jode nous montre le même personnage d’une manière autre.  Ce personnage semble porter un regard puissant vers le spectateur ou mieux, il regarde la toile qui réfléchit son image. Ne serait-ce pas l’auteur de la toile lui-même ? un autoportrait de Rubens, le regard concentré ?  Et, le personnage à son côté, est-il le commanditaire de l’œuvre, Jean Breughel? 

Ceci n’est bien sûr qu’une hypothèse.



Rubens

Jean Breughel

 


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